Elles sont toutes les deux sur le quai. Les vêtements larges de la première rendent son corps invisible. Si une tête surmontée de cheveux décolorés et longs d’une dizaine de centimètres ne dépassait pas, ils pourraient faire office de burqa. La robe blanc cassé descend jusqu'à mi-cuisse, où des boutons de la même couleur servent de décoration. Un gilet noir à grosses côtes en laine, large et épais, la recouvre. Le pantalon de la même couleur est large, genre patte d'eph informe. Les chaussures à carreaux écossais évoquent des charentaises auxquelles on aurait rajouté une partie arrière. A quoi peut-elle bien ressembler, sous ce monceau de tissus ? Le seul indice vient du visage un peu joufflu. Je me dis qu'elle doit se sentir mal dans son corps, cela me rend triste.
Les choses sont plus claires en ce qui concerne sa copine. Je vois des cheveux bruns avec des reflets rouges, des yeux largement entourés de maquillage noir, une robe fine marron-beige largement décolletée et laissant apparaître des épaules bien grasses.
Un immeuble solitaire passe, haut et long, très laid, il émerge les arbres. Manifestement bâti sans le moindre effort esthétique, il semble constitué d'un ensemble de balcons empilés, tous semblables. Ses habitants ont peut-être une belle vue?
Que vois-je ? Six grosses antennes paraboliques, toutes pointées dans la même direction sont installées côte à côte sur le sol, en deux rangées de trois. On dirait un genre de potager.
Jeune et mince, une rappeuse porte une veste Addidas noire et un short en jean délavé ultra court, des menottes sont accrochées aux passants de ceinture. Son collant est violet, ses baskets violettes et noires. Sans musique, vive et énergique, elle répète ses mouvements sur le quai du RER C pour le seul bénéfice, semble-t-il, du garçon debout en face d'elle.
Un anneau métallique fin, d’une dizaine de centimètres de diamètre, traverse le lobe de l’oreille de la dame qui vient de s'asseoir. Je me demande ce que je peux y accrocher. Ce doit être pratique pour ranger son foulard ou pour suspendre son téléphone.
Un immeuble en béton borde la voie, il est décoré par un revêtement cherchant à faire croire qu'il est constitué de grosses pierres. Le résultat est génialement immonde.
Une dame vient de pénétrer dans le wagon. Ses cheveux châtains longs ont été hâtivement rassemblés en chignon, elle porte des lunettes de soleil à monture de plastique. Elle dénoue le foulard noir qui entoure son cou. Elle est habillée d'une robe décolletée de la même couleur, fine et en dentelle, et d'un gilet en laine peu épais, non boutonné. Ses seins sont assez volumineux. Les ongles longs semblent artificiels, mais la distance ne me permet pas de m'en assurer. Son jean est bleu clair, ses sandales nu-pied sont couleur argent. Elle a l'air très jeune, son visage est déjà un peu empâté.
Deux jeunes rebeux, assez mignons, se partagent les deux écouteurs d'un casque branché sur un téléphone portable.
« Elle est bien cette musique, hein? »
Un peu plus tard, les même quittent le wagon. J'attrape un fragment de dialogue:
« Marche pas . »
- Non?
- Trop con!
La fenêtre du train disposait auparavant d'une manivelle pour monter et descendre la vitre. Malheureusement elle a disparu, seul subsiste son axe, rouillé.
samedi 12 septembre 2009
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