jeudi 25 mars 2010

Voyage sous la ville

Sous les néons crus illuminant le wagon de métro, je contemple les passagers hagards, les publicités, les fauteuil fendus recouverts de skaï bleu râpé, le sol gris sale en plastique antidérapant. Tout est laid; immobiles, les yeux fixant le vide, mes compagnons de voyage font penser à des zombis perdus au milieu d'un champ de ruine. Un groupe d'enfants pénètre dans le wagon, étincelle d'énergie au milieu d'un océan de dépression. Aujourd'hui ils remplissent le wagon de leurs bavardages excités mais, dans quelques années, ils seront silencieux comme leurs aînés.
La dame assise face à moi porte des lunettes ovales cerclées de noir ; ses cheveux teints sont raides, son visage épais est souligné par son double menton, son manteau bleu orné de deux rangées de gros boutons laisse dépasser une jupe courte de couleur marron, ses ongles limés avec soin mettent ses mains grasses en valeur. Ses bas bleus opaques cachent ses jambes sauf au niveau des genoux où, de façon presqu'obscène, apparaît par transparence la couleur de la peau. Ses chaussures découvertes sont munies de talons hauts d'environ trois centimètres.
Mal rasé, visage rond et gras, son voisin a relevé la capuche de son haut de jogging doublé en fourrure synthétique ; au dessus de sa ceinture, seuls ses mains et son visage dépassent du vêtement, je ne peux pas voir si ses cheveux sont longs ou courts. Je baisse les yeux, aperçois son jean large et ses baskets poussiéreuses, devine ses fesses larges étalées sur le siège.
Je me pince ; je suis probablement en plein cauchemar, je vais bientôt me réveiller et oublier ces visions.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire